L’EAU, LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET LA SOUS-TRAITANCE
DAVID CONTRE GOLIATH
Le maire a une obligation de résultats : il doit, quoiqu’il arrive, fournir ses concitoyens en eau potable. Beaucoup de communes n’ont pas les moyens de répondre à cette exigence et doivent soit avoir recours à des sociétés privées pour ne pas faillir à leurs obligations soit créer un service spécialisé si la ressource locale le permet soit s’associer à d’autres collectivités...
UN EXEMPLE DAVID, L’ÉLU CONTRE GOLIATH, LE GÉANT DE L’EAU
Les Collectivités Locales donc souvent doivent déléguer leurs pouvoirs de gérer l’eau à plus forts qu’elles.
De plus, les collectivités ont du prendre en charge toute la chaîne "eau": recherche, extraction, stockage de l’eau, contrôles sanitaires, son transport donc les réseaux puis toute la chaîne de l’assainissement des eaux usées.
Cette délégation de la collectivité à une société privée se fait par la voie de la passation de marchés publics : l’élu est celui qui dicte sa loi, formule sa demande mais il n’est pas toujours en état d’imposer ses souhaits à son partenaire d’occasion et surtout d'assumer ses devoirs de donneur d'ordres en contrôlant la bonne exécution du contrat par son partenaire.
VEOLIA : UN GÉANT
Examinons ensemble les résultats globaux de VEOLIA au 31 décembre 2022
- Le chiffre d’affaires réalisé au cours de l’exercice 2022 s’établit à 43 milliards d’euros en croissance de 49,4 % à change constant par rapport au chiffre d'affaires de 2021 publié.
- Cette très forte croissance résulte de l’acquisition de Suez, dont la contribution au chiffre d’affaires cumulé ressort à 9 722 M€ et d’une croissance organique de 4,6 milliards d’euros (+16%)
- Sur la base du chiffre d’affaires combiné de Veolia et des actifs de Suez, la croissance s’est établie à +14,1%, à périmètre et change constants.
- Résultat net : le bénéfice net atteint 1,162 milliard d'euros !
Que peut faire l’élu de base face à un tel partenaire avec lequel il se lie pour des années?
LES ÉLUS : DES DAVID PLEINS DE BONNE VOLONTÉ MAIS SANS FRONDE
Ainsi, par exemple, face à ce géant VEOLIA ou SAUR ou...il y a des élus locaux dont la compétence n’est pas nécessairement celle de savoir gérer ; ce sont des Hommes et Femmes de bonne volonté.
D’un côté, des personnes représentant VEOLIA expérimentés, formés à qui on demande de « rapporter toujours plus » et de l’autre les élus, des hommes et femmes inexpérimentés, de passage, intérimaires qui n’ont aucune formation de management de la situation de partenaires d’un géant.
On sait d’avance qui sera le gagnant en cas de conflit...ce ne sera pas DAVID car dans ces histoires d’eau il n’a pas de fronde comme en avait le petit DAVID de la bible et en plus, dans cette histoire aussi il y en a un qui finit souvent par être oublié...le consommateur d’eau, cochon de payant ! qui aurait le droit de se rebeller si sa facture est insupportable ou si les prestations ne sont pas à la hauteur des espérances et justes exigences du consommateur. Mais aussi, le consommateur français "isolé" n'a que des droits très limités qu'il n'utilise quasiment jamais.
Il y a donc dans ce rapport entre le géant et le nain une anomalie institutionnelle dont va souffrir celui qui n’est pas physiquement présent mais qui est la principale victime du système : le citoyen consommateur.
C’est dans ce climat que le Président de la République et la Cour des Comptes interviennent en 2023. Un dossier complexe et maltraité.
À SUIVRE...
LE « PLAN EAU » D’EMMANUEL MACRON ET LE CONSTAT CAUCHEMARDESQUE D'UN SERVICE PUBLIC QUI PREND L'EAU DE TOUTES PARTS DE LA COUR DES COMPTES