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·         DOSSIER - Le Figaro Magazine et Public Evaluation System, l'agence de notation des collectivités locales, ont décortiqué les comptes des 36 villes de plus de 100.000 habitants, des départements ainsi que des Régions. Malgré la crise, les dépenses de communication et les frais de mission des élus continuent de grimper.

 

Un séjour de quatre jours à Londres pour assister aux Jeux olympiques de 2012, avec dîner chez Hélène Darroze au célèbre Connaught: on ne sait pas si les 12 élus du conseil régional d'Ile-de-France ont pu rencontrer des touristes londoniens pour faire la promotion de leur Région -prétexte officiel de cette escapade à 5000 € par personne!- mais le repas doit aujourd'hui leur rester sur l'estomac. Non que la cuisine de notre chef étoilé soit indigeste, mais la révélation de ces agapes a soudain braqué les projecteurs sur le fastueux train de vie des élus franciliens.

Illégal? Non, mais difficile à justifier quand le pays traverse une crise sans précédent. Et plus dur encore à défendre au moment où les 22 Régions, dont 21 dirigées par la gauche, réclament à cor et à cri de nouveaux pouvoirs et l'autonomie fiscale.

Les excès ne sont pas l'apanage d'une poignée d'élus trop gâtés de la Région la plus riche de France. Il suffit de plonger dans les rapports des chambres régionales des comptes pour réaliser à quel point les gestionnaires des collectivités locales n'ont pas encore pris la mesure de la situation des finances publiques de notre pays. Non qu'ils soient malhonnêtes -les cas de fraude et de corruption sont fort heureusement rarissimes- mais la rigueur n'est pas leur fort. Voitures de fonction utilisées à tort et à travers, repas gastronomiques, voyages bidons, collaborateurs en pagaille, logements de fonction injustifiés, subventions opaques... chaque rapport apporte son lot de gabegies et d'abus.

Ces dizaines de milliers d'euros gaspillés ici ou là pèsent peu face aux milliards d'investissements réalisés par les collectivités mais ils révèlent l'incroyable légèreté des élus à l'égard du contribuable. Sans parler de leur négligence coupable face à l'absentéisme chronique de leurs agents: 9% l'an dernier.

Pour la deuxième année consécutive, Le Figaro Magazine et Public Evaluation System, l'agence de notation des collectivités locales, ont décortiqué les comptes administratifs des 36 villes de plus de 100.000 habitants, des départements ainsi que des Régions (1). Résultat: les embauches semblent enfin marquer le pas et les investissements se maintiennent, mais les dépenses de communication et les frais de mission des élus continuent de grimper, surtout en Région. Pour combien de temps? Le gouvernement Ayrault, qui prépare l'Acte III de la décentralisation, a promis qu'il comporterait un encadrement plus strict de la gestion et une transparence accrue. La fête est finie?

(1) La Bourgogne et le Languedoc-Roussillon ont refusé de nous communiquer leurs comptes, au mépris de l'accès public à l'information.

       

·         MARSEILLE

·         La deuxième ville de France dispose d'un parc de plus de 2000 véhicules de fonction, dont près de 900 voitures particulières, et rémunère 60 chauffeurs.

Avec 2208 véhicules, la Ville de Marseille ne lésine pas sur les moyens pour les déplacements de son personnel... Et ce parc coûte chaque année aux contribuables marseillais 3 millions d'euros pour les seuls frais de fonctionnement! Et près du double avec les investissements. «Le parc est important, reconnaît Jean-Claude Gondard, directeur général de la mairie, cela tient à l'importance de la deuxième ville de France, à l'étendue de son territoire, à la variété de ses services et on n'a pas les mêmes possibilités de transport en commun qu'à Paris», justifie-t-il.

Le parc comprend 872 voitures particulières, le reste se répartissant entre véhicules utilitaires, scooters, vélos, camions, chariots élévateurs, tractopelles... Pour faire fonctionner ce service, 207 agents dont 60 chauffeurs sont nécessaires.

Utilisation à des fins personnelles

Le maire, Jean-Claude Gaudin, les 29 adjoints, Renaud Muselier, qui n'a conservé que sa délégation spéciale pour la préparation de l'Année capitale européenne de la culture, et les 8 maires de secteurs bénéficient en effet d'une voiture avec chauffeur. Les directeurs et les cadres sont également gratifiés d'une voiture de service. «Personne n'a de voiture de fonction mais ils peuvent obtenir l'autorisation de faire les trajets travail-domicile avec le véhicule de service moyennant une redevance de remisage», précise Jean-Claude Gondard. Plus de 600 agents en bénéficient, avec assurance et carburant payés par la mairie.

«En fait, il y en a bien plus car certains ne paient pas le remisage en se faisant prêter un véhicule comme si le leur était en réparation», confie, sous couvert d'anonymat, un agent du service transport. Selon lui, il y a «un abus d'utilisation du parc à des fins personnelles alors que, dans certains services où il faut une voiture pour travailler, il en manque». Et de citer l'exemple d'«un directeur qui a une voiture pour lui et une autre pour sa femme ou d'un autre qui utilise une voiture et un scooter...»

Un système clientéliste

«La ventilation des voitures se fait de manière aberrante», critique également Pierre Godard, délégué FSU. Pour ce syndicaliste, c'est le résultat d'«un système clientéliste mis en place par Gaston Defferre qui a cassé le service public car ce n'est pas le professionnalisme qui prime mais la soumission au système». Du coup, «la gabegie est indiscutable mais pas uniforme».

En outre, les vols gangrènent le service transport. «Nous avons révoqué un agent pris la main dans le sac et organisé les locaux pour rendre les vols plus difficiles», réfute Jean-Claude Gondard. «Oui, mais ça continue, soupire l'agent, qui souhaite rester anonyme, et on peut se poser des questions sur les marchés des réparations réalisées à l'extérieur... Les ateliers sont sous-employés. Avant, il y avait 10 réparations par semaine, aujourd'hui, deux avec le même parc...» Jean-Claude Gondard balaie la critique en mettant en avant un budget du service en baisse de 13,6% sur quatre ans et des effectifs réduit de 25% en dix ans.

·         Hélène Mandroux, maire de Montpellier, a dépensé 8,122 millions d'euros pour la communication de la ville en 2011.Crédits photo : Tim Somerset/MAXPPP

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Malgré la crise, les dépenses de communication et les frais de mission des élus locaux continuent de grimper.

La communication est décidément l'un des joujoux favoris des maires. Certes, 2011 était une année pré-électorale et les maires, même s'il ne se présentaient pas à un mandat de député, ont eu à cœur de valoriser leurs réalisations et celles de leur majorité. Les frais de communication regroupent des dépenses de publicité, campagnes de promotion, insertions obligatoires (enquêtes publiques...) mais aussi des dépenses de réceptions, galas et cérémonies.


Championne toutes catégories, la socialiste Hélène Mandroux qui se montre, en matière d'excès budgétaire, la digne héritière de Georges Frêche à la tête de Montpellier: elle a dépensé 8,122 millions d'euros pour la communication de la ville en 2011, dont 1,7 million pour la promotion de la culture et 830.000 € pour celle du sport. Certes, Montpellier est une ville de sport et de culture, mais à quel prix? Nos chiffres montrent qu'elle consacre trois plus de moyens pour sa communication que Lyon et Marseille, deux métropoles où l'on ne prend pas non plus la culture et le sport à la légère.

À Metz, le maire PS Dominique Gros a investi 3,42 millions d'euros en frais de com' l'an dernier, dont un peu plus de 2 millions d'euros en fêtes et cérémonies (la moitié au titre de l'action culturelle). Sans doute l'effet Pompidou-Metz...

Parmi les autres maires hyper-communicants, citons Philippe Duron (PS) à Caen, Serge Godard (PS) à Clermont-Ferrand, Maurice Vincent (PS) à Saint-Etienne -qui reste pourtant la ville la plus endettée de France!- et Christian Estrosi (UMP) à Nice.

Les frais de mission par élu, qui recoupent les déplacements du conseil municipal, sont plutôt raisonnables dans l'ensemble et devraient encore baisser si le non-cumul des mandats parvient à s'imposer. À noter, là aussi, le première place d'Hélène Mandroux. La maire de Montpellier est également vice-présidente de l'Association des maires de grandes villes de France et présidente de l'Association des villes universitaires, ce qui doit l'amener à se déplacer.

De même Alain Juppé, qui pointe en deuxième place, a une stature qui le sollicite hors de Bordeaux de temps à autre (on l'a vu avec la crise à l'UMP). Certains maires (Le Havre, Amiens) préfèrent rester discrets sur leur train de vie. Celui de Boulogne-Billancourt n'a pas répondu à nos demandes d'information sur ses frais de communication et de voyage. Notons par ailleurs que, globalement, les maires ont commencé à alléger le poids de leurs dettes. Mais 14 grandes villes (16 l'année précédente) ont encore un endettement supérieur à 1000 € par habitant.

LIRE AUSSI:

» ·         Jean-Pierre Kucheida.Crédits photo : PASCAL BONNIERE/PHOTOPQR/VOIX DU NORD

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Dans ce département sinistré, qui abrite la plus puissante fédération socialiste de France, des élus ont utilisé l'argent du contribuable pour mener grand train.

Jean-Pierre Kucheida, maire de Liévin et tête de proue du PS dans le Pas-de-Calais est un homme qui sait vivre. «Kuche», selon le drôle de nom dont l'affublent ses amis sans intention moqueuse, possède, semble-t-il, le verbe haut et l'esprit festif. C'est ainsi que ses proches ont été conviés, d'après une légende qui a la vie dure malgré les années passées, à célébrer «le premier milliard» de l'élu. À l'époque, modèrent ceux qui osent encore évoquer ce souvenir - non prouvé - il ne s'agissait toutefois que de francs, et non pas d'euros... Ses invités réguliers louent en tout cas sa cave bien remplie et sa sélection raffinée de nuits-saint-georges. L'examen des dépenses du maire par la justice n'a pas démenti cet hédonisme manifeste, mais peut-être trop souvent supporté par la collectivité. Les juges ont épluché les factures laissées par l'édile avec la carte de paiement de la Soginorpa, un établissement gérant les 63.000 anciens logements miniers, qu'il dirigeait.

Les listings bancaires ont révélé des déjeuners à La Rascasse, table réputée de Saint-Florent en Haute-Corse, bien loin de Liévin, ou le chef étoilé Marc Veyrat en Savoie, où les Kucheida possèdent un chalet... Lorsqu'il est sur ses terres, l'ancien député déjeune volontiers à Busnes, non loin de Béthune, chez un autre talent reconnu par le Michelin, Marc Meurin. Une chance, c'est son cousin! Un dimanche de Pentecôte, il rassemble à cette table «familiale» une dizaine d'invités, laissant une addition de plus de 1000 € pour le contribuable.

Coût moyen d'un repas: 300 €

Pour sa défense, le baron socialiste, ancien prof d'histoire-géo, a déclaré que les 47.000 € de frais présumés personnels que lui reproche la justice, en neuf ans passés à la tête de l'organisme public, ne représentent finalement que «trois repas tous les deux mois». Un rapide calcul montre que l'élu du bassin minier évalue donc le coût moyen d'un repas à près de 300 €... Un chiffre faramineux qui a fini par choquer les électeurs: Kucheida, exclu du PS pour dissidence, a perdu sa circonscription en juin dernier après 30 ans de règne. L'homme a également le sens de la famille. La justice s'interroge sur le montage qui a permis a sa fille Maryka - nom d'artiste de Marie Kucheida - de percevoir 12.000 € par le biais d'une association pour une exposition photo signée de la jeune femme, facturée in fine au bailleur social présidé par son père. La PJ se penche aussi sur le fils, Frédéric Kucheida, en étudiant les conditions d'un marché passé entre ce gérant d'entreprise et une société d'économie mixte dans laquelle son père est présent.

Jets privés pour Hénin-Beaumont

Mais il n'y a pas qu'à Liévin, que les élus mènent grand train. À Hénin-Beaumont non plus, on n'est pas regardant sur la gestion des deniers publics. À la suite de la mise en examen de l'ex-maire, Gérard Dalongeville, le parquet a dressé un bilan sévère du train de vie des élus. Parmi les incroyables habitudes prises par ces improbables gestionnaires, le recours régulier à de jets privés, pris en charge par la mairie. Guy Mollet - un apporteur d'affaires sulfureux qui ne rappelle en rien son célèbre homonyme - grimpe dans les avions privés comme on commande un taxi. Il effectue avec ses acolytes de multiples vols vers Dax, Biarritz, Le Touquet, ou... Le Luxembourg. La facture? Plus de 91.000 € au total, sans compter 13.946 € d'impayés laissés à la compagnie d'aviation. Au juge qui l'interroge sur la nécessité de voyager par les airs, Guy Mollet répondra qu'il n'avait pas les moyens de faire l'avance des frais de TGV! Confrontée à un problème de «logements d'urgence» pour les personnes en difficulté, la ville loue un immeuble dans un bourg voisin, Flers-en-Escrebieux. En guise d'exclus, le bâtiment aurait surtout hébergé des proches de l'équipe municipale.

ILE de France

·         Depuis quinze ans, le système Huchon prospère : voyages à gogo, chargés de mission pléthoriques et bureaux loués à prix d'or. Rien n'est trop beau pour les élus de gauche qui gouvernent la Région.

 

Trois hôtels particuliers, des immeubles cossus récemment achetés alentour, des bureaux loués à prix d'or juste au-dessus de l'épicerie la plus luxueuse de Paris: bienvenue au «Village régional»! C'est ainsi que Jean-Paul Huchon, le président socialiste de la Région Ile-de-France, a baptisé cet ensemble immobilier de prestige, niché dans l'un des quartiers les plus huppés de Paris, où travaille le personnel de la Région. Ce patrimoine est évalué à 200 M€ minimum, auxquels s'ajoutent 23 M€ de loyers versés chaque année pour les mètres carrés loués à un tarif prohibitif (jusqu'à 644 €/m²).

En près de quinze ans de règne, le si discret Jean-Paul Huchon a pris ses aises avec les milliards de la Région la plus riche de France. Jusqu'à cet été, le train de vie faramineux de son équipe ne faisait guère de vague. Mais en août, un petit article du Canard enchaîné relatant par le menu «les agapes olympiques» d'une délégation d'élus franciliens en goguette à Londres (150.000 € engloutis en quatre jours!) a mis la puce à l'oreille des journalistes. Depuis, l'édile socialiste et ses «folles dépenses» ne cessent de s'étaler à la une des magazines (Le Point en septembre, Challenges en novembre). Huchon a réagi en limogeant son service de presse (six personnes).

Mais pas question de toucher au budget de la Région, qui devrait atteindre de nouveau 4,7 Md€ l'an prochain. Ce qui, compte tenu des recettes fiscales attendues, l'obligera à emprunter encore plus de 750 M€ pour boucler les comptes. Or, pour les élus UMP franciliens, emmenés par Valérie Pécresse, seuls 3,3 Md€ de dépenses sont directement liés au financement des compétences obligatoires de la Région. En clair, si Huchon s'en tenait au financement des lycées, au développement économique ou aux transports, l'Ile-de-France serait excédentaire.

Depuis l'arrivée de Huchon, les effectifs centraux du conseil régional - hors transferts liés à la décentralisation - ont été multipliés par trois (de 750 à un peu plus de 2000). Selon la Fondation iFrap, un think tank libéral qui a décortiqué les comptes, la Région a multiplié les sous-directions et les sous-services, créant parfois des doublons. Quelle différence entre le service «mission-information-promotion» (12 personnes) et le service «accueil-information-orientation-promotion» (11 personnes)? Jusqu'au limogeage du service de presse, Jean-Paul Huchon disposait lui-même d'un cabinet d'au moins 35 collaborateurs (le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, n'en a que 22), dont une dizaine appartenant à un mystérieux «bureau du cabinet».

Pour faire passer plus discrètement certaines dépenses ou des recrutements «amis», la Région a gonflé les structures externes. Ainsi le comité régional du tourisme (CRT), dont le budget a été quasi multiplié par trois en huit ans, a réglé l'essentiel de l'escapade londonienne. C'est aussi au CRT qu'émarge Laurine Sabban, la fille de Michèle Sabban, élue PS et vice-présidente chargée de l'administration générale, ainsi que Sébastien Lion, le fils de Robert Lion, ancien haut fonctionnaire socialiste et doyen du conseil régional (il a 78 ans). La première est chargée de mission «politiques culturelles régionales» et le second chargé de mission «réseaux sociaux».

Quant à l'Agence des espaces verts (AEV), selon nos informations, elle s'apprête à accueillir une chargée de «mission territoriale au service de la prospective territoriale», nommée Nathalie Petitjean, qui n'est autre que l'épouse de son président, le conseiller régional PS Olivier Thomas. Mais c'est surtout à l'international que les élus franciliens s'épanouissent dans la dépense. Le budget «voyages» de l'exécutif régional a été de 267.000 € l'an dernier, dont 90.000 € pour un déplacement à Porto Alegre (Brésil), où se tenait un forum mondial des métropoles. Beaucoup d'autres déplacements sont cachés dans des organismes créés ces dernières années comme le Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV) ou Metropolis, deux «machins» nés de la volonté de Jean-Paul Huchon, présidés par lui et soutenus à bout de bras par le contribuable francilien (Metropolis regroupe 126 grandes métropoles, mais l'Ile-de-France finance le quart de son budget!)

En outre, la Région a noué directement 14 partenariats avec d'autres parties du monde. Et qui dit partenariat dit voyages sur place, représentant à demeure, etc. Le contribuable francilien sait-il qu'il a financé une piste cyclable à Santiago du Chili pour 300.000 €? Et qu'il va faire chaque année un chèque de 500.000 € pour coopérer avec Jérusalem Est? «Le budget d'action de coopération internationale de la Région est de 9 M€, souligne-t-on dans l'entourage de Valérie Pécresse. Est-ce vraiment indispensable alors que la Région n'a même pas dépensé la totalité du budget voté pour la rénovation des lycées faute d'être capable de mener à bien les travaux?». Dernière lubie en date: la Région va verser 210.000 € pour financer l'ouverture à Machhad, deuxième ville d'Iran, d'un bureau du FMDV. Dans l'islam chiite, c'est dans cette ville sainte que doit apparaître «l'imam caché». En attendant, elle verra Jean-Paul Huchon.

·         Frais de représentation exorbitants, projets immobiliers pharaoniques, absentéisme des agents... La Cour des comptes pointe les dérives des collectivités locales.

Saint-Jean-Cap-Ferrat: une politique sociale en or massif

C'est une petite ville richissime (le mètre carré est l'un des plus chers de France) et donc perpétuellement en excédent. Est-ce une raison pour que M. le maire dépense plus de 30.000 € par an au restaurant aux frais du contribuable? Non, semble penser la chambre régionale des comptes (CRC) de Paca, qui doute de l'intérêt communal de tous ces repas dans des restaurants étoilés au Michelin, d'autant que l'intéressé, René Vestri (UMP), oublie parfois de noter le nom de ses invités. Les magistrats se demandent aussi pourquoi la mairie a commandé 10.580 cartes de voeux quand la commune compte à peine plus de 2000 habitants. Bref, pour la CRC, la «vocation touristique» de Saint-Jean-Cap-Ferrat n'explique pas pourquoi le compte «fêtes et cérémonies» atteint 300.000 € en 2010! Le maire a répondu que galas et buffets «contribuent à la cohésion de la population». Il suffisait d'y penser.

Wasquehal: le maire a de l'appétit

La situation financière de Wasquehal (Nord) a beau être «très préoccupante», dixit la CRC, M. le maire ne perd pas l'appétit. En 2009, il a dépensé 24.500 € en frais de représentation, dont près de 13.800 € au restaurant. «Le maire déjeune, quasi quotidiennement et sans justification aucune, dans trois restaurants de la ville», constate la CRC, qui rapporte aussi des versements d'espèces sans justification. Cela a valu à Gérard Vignoble, réélu sans discontinuer depuis 1977 malgré ses nombreux changements d'étiquette (du PS au Nouveau Centre), une journée de garde à vue en octobre dernier dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics. Il en est sorti en fanfaronnant qu'il avait passé «une journée hyperintéressante!» et concédé «quelques erreurs administratives». Quand l'appétit va...

La communauté urbaine de Marseille s'offre Jean Nouvel


Le quartier d'affaires Euroméditerranée, à Marseille.
Crédits photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP

La communauté urbaine de Marseille ne connaît pas la crise. Son président, le socialiste Eugène Caselli, vient de décider d'installer les 1200 fonctionnaires de la collectivité dans une tour signée par la star mondiale de l'architecture, Jean Nouvel. Celle-ci doit être érigée sur le port, au coeur du quartier d'affaires Euroméditerranée. La collectivité devra débourser, pour occuper 12 des 31 étages avec vue imprenable sur la mer, 6,40 millions d'euros par an, soit près de 77 millions d'euros sur 12 ans, durée du bail. Le projet a été entériné par tous les maires de la communauté urbaine. L'addition, salée, a toutefois soulevé l'opposition de deux élus, le socialiste Patrick Mennucci et l'UMP Renaud Muselier qui ont voté contre. Mennucci, grand rival de Caselli, a jugé «indécent» le loyer (380 €/m², contre 250 € pour les meilleurs bureaux d'Euroméditerranée et 180 € en moyenne à Marseille). Caselli justifie: «Cela permet de donner un sérieux coup de pouce à la ville et à Euroméditerranée, qui ont besoin que les quatre immeubles de la nouvelle skyline du port se fassent.» Si c'est pour se dévouer...

Élus sans frontières

Les élus locaux adorent jouer les diplomates à l'international. Même les «petits» maires s'y mettent. Prenez Fay, un village rural de Normandie, qui finance des forages au fin fond du Mali pour 1500 € par an. Ou Saint-Yon (dans l'Essonne) qui a engagé une «coopération internationale décentralisée» avec Dallah au Mali. Il n'est pas toujours facile de convaincre la population car, même si les sommes en jeu ne sont pas énormes, cela conduit parfois à «dire non à un projet local», ont témoigné des élus lors d'un forum sur l'action internationale des collectivités, l'été dernier. Alors, pourquoi le font-ils?

Orange: la vinothérapie du maire réglée par ses administrés

Lorsqu'il est à l'Assemblée nationale, Jacques Bompard, le député-maire d'Orange (ex-Front national), plaide haut et fort pour la réduction des dépenses publiques. Mais chez lui, à Orange, c'est une autre affaire. Il y a un an, la chambre régionale des comptes a pointé de nombreuses dépenses personnelles que M. Bompard et son épouse avaient fait passer sur le compte de la mairie: repas au restaurant de madame, cure de thalasso pour les deux (avec «soins de vinothérapie, hammam et bain thermal», précise le rapport), parfums, cigares, etc. Plus deux voitures de fonction payées par le contribuable: une pour chacun. Le maire a répondu que le «flou de la réglementation» ne lui permettait pas de distinguer entre dépenses personnelles et frais de représentation d'élu. Et si l'on changeait de lunettes, M. Bompard?

À Guérande, la note des réceptions est salée

À Guérande, les réceptions et les fêtes données par la mairie ont coûté 187.000€ en 2010.Crédits photo : FABRIZIO GIANNI/Madame Figaro

On ne s'ennuie guère dans la jolie cité historique de Guérande, à un jet de sel de La Baule. Les frais de mission des élus et les réceptions données par la mairie ont coûté 162.000 € en 2010, «les frais de réception comptant pour 68% du total», précise la Cour des comptes dans un récent rapport. C'est trois fois le montant moyen pour une commune de cette taille (15.000 habitants). Si l'on ajoute les dépenses de «fêtes et cérémonies», on atteint 187.000 €. Certes, la Ville organise une fête médiévale et ses élus participent à des «groupes de travail nationaux sur le patrimoine». Mais cela n'explique pas tout: la Cour a noté une forte hausse des «déjeuners de travail» des fonctionnaires et élus dans quelques bonnes tables de la Côte: six repas à 95 € le couvert en moyenne (42 convives) et deux repas à 130 €.

Gard: y a-t-il un pilote dans l'avion?

194 ou 273? Le conseil général du Gard ne sait pas, à 70 véhicules près, combien de voitures de fonction il possède, constate la chambre régionale des comptes du Languedoc-Roussillon dans un tout récent rapport. Les magistrats épinglent en outre le «contrôle quasi inexistant» de l'absentéisme, les règles hors normes pour la durée du travail (15 jours de congés/an de plus qu'au sein de l'État), le laxisme sur les cumuls d'emplois (un fonctionnaire payé à temps plein passe le tiers de son temps à enseigner ailleurs), l'explosion des frais de mission des élus (+41,7% de 2005 à 2009) et la gestion désastreuse du Théâtre du Quaternaire, «vitrine culturelle» et boulet financier (500.000 €/an de déficit). Bref, conclut la Cour, «la rigueur de gestion est fortement recommandée» car les finances du département, géré par le PS, ne vont pas résister longtemps si le «pilotage» n'est pas repris en main.

La vie en rose des agents de Toulouse

Dans un rapport tout frais (23 novembre), la chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées s'inquiète de la dérive des charges de personnel à la mairie de Toulouse et reproche à la municipalité de maintenir le temps de travail des agents «en deçà des minimums requis par la loi», avec sept à dix jours de congés supplémentaires par an. Soit un surcoût pour le contribuable toulousain de 8,6 millions d'euros, «l'équivalent de près de 270 agents». Et, malgré cela, l'absentéisme des agents s'aggrave, déplore la Cour. Comme dit la chanson, «travailler, c'est trop dur...»

Pyrénées-Orientales: les copains d'abord

Christian Bourquin, ancien président du conseil général des Pyrénées-Orientales, aujourd'hui président PS de la Région Languedoc-Roussillon, a été condamné en octobre à deux mois de prison avec sursis pour favoritisme. Il avait accordé, en 1999, à une société dirigée par un ami de longue date tout le marché de la communication du conseil général. L'élu de gauche, poulain de Georges Frêche à qui il a succédé à la Région, a dit être victime d'un règlement de comptes politique. Il s'est pourvu en cassation. Le même Bourquin, en guerre contre le maire UMP de Perpignan, s'est distingué en 2008 en installant le long des départementales des bornes indiquant «Bienvenue sur une route départementale». Coût du caprice: 40.000 €, selon l'Observatoire des subventions.

Eure-et-Loir: des agents logés et primés

Le conseil général d'Eure-et-Loir, dirigé par l'UMP, s'est fait sérieusement rappeler à l'ordre par la chambre régionale des comptes pour sa gestion de 2002 à 2011, non seulement à cause de sa «difficulté à produire des données fiables» mais aussi pour «une certaine tendance» à s'affranchir de ses obligations en matière de justificatifs. En ligne de mire notamment: l'attribution de logements de fonction à des agents, parfois sans document officiel. Les bénéficiaires touchaient parallèlement une prime pour se loger! Certains ont même gardé leur logement des mois après avoir quitté leur poste. Coût pour le contribuable: au moins 155.000 €. Réponse du conseil général: c'était pour aider ses collaborateurs dans une conjoncture immobilière incertaine. Même à Chartres...

L'Agence du tourisme de la Corse (ATC) à la dérive

Gérée en théorie par l'Assemblée territoriale de la Corse, l'Agence du tourisme de la Corse dérive comme un bateau sans gouvernail, si l'on en croit la chambre régionale des comptes: gouvernance défaillante, tutelle quasi-inexistante, absences répétées des membres du conseil d'administration (on atteint rarement le quorum, précise la Cour). En cinq ans, de 2005 à 2010, le budget de l'Agence a été réduit de moitié (à une dizaine de millions d'euros) tandis que les frais de personnels, eux, restaient constants. L'Agence emploie toujours une cinquantaine d'agents répartis en une vingtaine de services. Du coup, c'est la multiplication des chefs: près de la moitié des effectifs sont des cadres. Bon, on termine avec l'absentéisme? «En dépit d'un régime de congés plutôt favorable (23 jours de RTT par an, ndlr), l'absentéisme s'avère particulièrement élevé. Il atteint en moyenne 30 jours par agent en 2010 et représente l'équivalent du temps de travail de 7,4 agents exerçant à temps plein.» Soit 15% de l'effectif total. La Cour feint de s'étonner que les arrêts-maladie soient si nombreux dans un établissement où «les activités sont sans risque particulier» pour la santé. Effectivement.

Paca: Vauzelle s'offre sa «Villa Vauzella» pour 70 millions d'euros


Michel Vauzelle, président socialiste de la Région Paca.
Crédits photo : SANDRINE ROUDEIX/Le Figaro Magazine

«Villa Vauzella», c'est le surnom donné par les mauvaises langues à la Villa Méditerranée dont la construction s'achève à l'entrée du port de Marseille! Michel Vauzelle, le président socialiste de la Région Paca, a voulu à tout prix ce temple dédié à Mare Nostrum et à sa gloire, allant jusqu'à refuser de contribuer au budget d'Euroméditerranée, l'opération de requalification des quartiers de l'arrière-port de commerce, si un espace près du futur musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCem) ne lui était pas rétrocédé pour l'y édifier. Il a obtenu gain de cause... Le bâtiment signé d'une star de l'architecture, l'Italien Stefano Boeri, est exceptionnel par son audace architecturale mais on ne sait pas très bien à quoi il va servir. Il doublonne en effet avec le MuCem tout proche... «La Villa Méditerranée est le signal de notre volonté de construire un espace de paix et de solidarité. Nous y réfléchirons à notre communauté de destins (...) Cette maison, qui est la nôtre, représente l'idée futuriste et optimiste de l'avenir des peuples de la Méditerranée», commente Vauzelle dans son dossier de présentation, mais est-ce le rôle d'un conseil régional d'investir 70 millions d'euros dans un tel projet, et a fortiori s'il doublonne avec un autre?

 

 

·         Départements : toujours plus de dépenses sociales

 

INFOGRAPHIE - En 2011, elles ont représenté les deux tiers des budgets des conseils généraux.

Petit à petit, les conseils généraux ont commencé l'an dernier à s'assagir en matière de gestion de leurs effectifs: on a même assisté à un timide recul des embauches. Dans le même temps, le poids des dépenses sociales n'a cessé de progresser, conséquence de la dégradation du climat économique: elles accaparaient en 2011 les deux tiers des budgets des départements, dont 9 milliards au titre du RSA.

Peu de marge de manoeuvre

Il reste donc peu de marge de manoeuvre aux conseils généraux. Cela n'a pas empêché certains élus de faire de sacrées campagnes de promotion. Comme l'année précédente, la Vendée reste la championne de France de la communication, avec son budget astronomique de plus de 9 M€, le deuxième derrière celui du conseil général des Bouches-du-Rhône, et de loin, en proportion de la population. Le département, longtemps géré par Philippe de Villiers, et maintenant par son ex-bras droit, Bruno Retailleau, affiche néanmoins une situation financière plutôt saine. A travers le Puy du Fou, couronné cette année comme l'un des meilleurs parcs de loisirs au monde, mais aussi des manifestations sportives (voile notamment), la Vendée a fait de la communication le coeur de sa stratégie.

En Moselle, comme dans d'autres départements, la politique de com' est avant tout destinée à «inscrire le département dans le paysage institutionnel», explique l'entourage de Patrick Weiten (UDI), président du Conseil général. En clair, les départements ne veulent pas disparaître au nom de la simplification administrative et tiennent à le faire savoir.

L'énorme budget de communication des Bouches-du-Rhône - 11,2 M€! - est gonflé par la préparation de Marseille- Provence 2013, capitale européenne de la culture, un événement dans lequel le conseil général aura investi au total 83 M€...

Plus mystérieux, le Val-de-Marne, géré par le Parti communiste, a dépensé pour sa com' un peu plus de 8 millions d'euros en 2011, soit 2 millions de plus que le plus riche département de France, les Hauts-de-Seine. Sur ce total, près de 3 M€ ont financé des «catalogues, imprimés et publications», un demi-million, des «réceptions» et 4,3 M€, des dépenses «diverses». On reste sur sa faim...

L'année du retour sur terre

Champion des frais de missions par élu en 2011, la Haute-Savoie porte dans ses comptes les traces de la candidature ratée d'Annecy aux Jeux olympiques d'hiver de 2018, un fiasco évalué entre 26 et 30 M€, dont la moitié pour le contribuable (Etat et collectivités). Après la transition de 2011, l'année 2012 devrait être, pour beaucoup de conseils généraux, celle du retour sur terre. L'explosion de la crise, qu'ils prennent de plein fouet à travers l'aide sociale, les contraint à plus de sobriété dans leur train de vie.


TOP 3 - LES CHAMPIONS DE LA COM'

• Vendée

Bruno Retailleau (app. UMP)

• Moselle

Patrick Weiten (UDI)

• Savoie

Hervé Gaymard (UMP)


TOP 3 - LES ÉLUS VOYAGEURS

• Haute-Savoie

Christian Monteil (DVD)

• Drôme

Didier Guillaume (PS)

• Aveyron

Jean-Claude Luche (DVD)

Par Sophie Roquelle

 

 

 

 

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