BILLET D’HUMEUR
Pour une pratique démocratique dans nos municipalités et autres collectivités territoriales voire nationales : pouvoirs et contre-pouvoirs
« Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur »
Telle est la devise d’un grand quotidien national empruntée à Beaumarchais.
Tout être à qui il a été donné un peu de pouvoir est tenté d’en abuser. Ainsi est faite la nature humaine.
Jusqu’à maintenant, on n’a pas trouvé d’autres moyens pour lutter contre cet état de fait et ses graves conséquences que de créer ou de laisser se développer des contre-pouvoirs:
Liberté d’expression,
Indépendance des magistrats,
Séparation des pouvoirs,
Droit de retrait,
Droits des minorités,
Droit de vote…
Or, l'état d'une société que ce soit une collectivité territoriale, l’Etat, une association, un syndicat…est fortement lié à la vigueur des contre-pouvoirs. Qu'ils disparaissent ou s'affaiblissent, et le pouvoir principal s'en retrouve hypertrophié et moins apte à faire face aux difficultés rencontrées par la société.
La France est un pays où les contre-pouvoirs sont aujourd'hui grandement affaiblis (presse d'information qui perd des lecteurs et des titres, monde associatif en repli, faibles effectifs dans les syndicats, manque de moyens de la justice créant une inégalité de traitement, etc...), rendant du même coup les pouvoirs politique et financier trop puissants, et surtout, quasi-impossible à freiner quand ils prennent des décisions ne correspondant plus à l'intérêt général.
Les contre-pouvoirs, politiques ou économiques, sont pourtant la garantie d’une bonne respiration démocratique.
Cela peut gêner les autocrates et dictateurs de tous poils d’où la propension de ceux qui ne supportent pas les contre-pouvoirs à faire tous les amalgames pour étouffer leur liberté d’action et d’expression : accuser les tenants du contre-pouvoir de provocateurs, d’irresponsables, de complices de tous les extrémismes…parce qu’ils osent interroger, dénoncer des faits et décisions contraires à l’intérêt général, à l’éthique…
Ceux qui s’attaquent aux contre-pouvoirs feraient bien de faire d’abord leur autocritique. Ne sont-ils pas eux-mêmes, dans l’exercice de leurs pouvoirs, le mécanisme déclencheur des réactions de ceux qui détiennent le contrepouvoir ? Ecoutent-ils les voix des contre-pouvoirs ? Ne cherchent-ils pas à les étouffer ? Leur laissent-ils les moyens d’exercer démocratiquement leur droit à critique et interrogation, leur droit à l’accès à l’information, au débat.
C’est l’atteinte aux droits des contre-pouvoirs qui génèrent la frustration, l’expression d’extrémismes violents. Ce ne sont pas les contre-pouvoirs qui génèrent ces poisons.