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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 11:27

 Nous vous prions de lire ou relire l'excellent interview de René Clouteau parue dans OUEST France de ce 4 juin 2010 

"Il va falloir s'adapter et rester vrai... "

René Clouteau, 59 ans, a grandi à la Chaume. Après une carrière de cuisinier, il a fondé en 1985 Les Salines.

Selon les prévisions, il y aura 60 000 habitants dans 20 ans. L'enjeu : ne pas dénaturer le cadre de vie. Entretien avec René Clouteau, directeur des Salines depuis 25 ans.

Quelle est l'âme de ce pays ?

On crée l'âme du pays en travaillant dedans. Certains ont fait le sel, d'autres la pêche. L'âme est cette action des hommes au quotidien. L'âme est ce qui n'est pas négociable. Il nous faut garder la propriété des choses, faut pas la vendre. Si on cède à l'appel des sirènes, c'est mort. Ici, on est marin de père en fils. Cela finit par renter dans les gènes. Notre âme, c'est ce cordon ombilical entre les anciens et les plus jeunes. C'est notre culture, notre ancre...

Concrètement...

Il faut activer les lieux emblématiques pour ce qu'ils ont été et ce qu'ils doivent rester. La mise en valeur, ce n'est pas quand les voitures se croisent, mais bien plus quand les êtres se rencontrent. Un port est fait pour voir des bateaux et non des pots des fleurs. Faisons le voir. Il est là. Il est vivant. Il n'est pas spectacle inventé, il est spectacle permanent. On ne parle pas de rentabilité. On parle de bonheur. C'est ça l'âme, ça ne se quantifie pas...

Et dans dix ans ?

Je ne pense pas que l'avenir des Sables appartienne aux Sables. On n'est plus entièrement maître de notre destin. Car aujourd'hui, c'est la crise qui décide. On n'en a pas vu le début de la fin. Il va falloir être inventif, plus que jamais aimer ce qu'on a, et être solidaire. Tu ne sauves pas le marin, si tu ne sauves pas le bateau. On a des acquis, faut pas les solder. Libérons notre créativité. L'économie touristique ne naît pas d'un surplus d'activité économique venue d'ailleurs. Elle naît parce que le repos et les loisirs sont indispensables. À nous de répondre à ce que les gens recherchent. Les séjours seront moins longs. Mais il va falloir s'adapter et rester vrai.

Y a-t-il une vie à côté de la plage et du « tout tourisme » ?

Cela dépend de ce qu'on met dans le mot tourisme. Ne tuons pas la poule aux oeufs d'or. Si c'est pour construire dans tous les coins, c'est plus du tourisme, c'est de la spéculation foncière. On va compliquer le pays. On peut être un pôle actif qui brasse du monde pendant sept mois. Ensuite il reste cinq mois pour méditer. La qualité de vie est bonne ici. Ça peut attirer les chefs d'entreprises, qui amèneront logiquement des emplois. N'oublions pas qu'on est sur un cordon de sable. Ce développement ne peut se faire que sur les communes environnantes. Mais à quoi bon construire une immense mégapole qui irait jusqu'à la Roche-sur-Yon ? Paris fait Paris plage et nous, on ferait Plage Paris ? Y'a une limite...

On parle d'une agglomération de 60 000 habitants dans 20 ans.

Comme on parle de 9 milliards de gens sur terre. 60 000, ça fait beaucoup. Le problème, est de savoir quelle cause on sert. Est-ce pour le bien de la vie économique du littoral ? 60 000 habitants, tout le monde prend ça comme une vérité qui doit être atteinte. Pourquoi ?

L'idée de fusion doit-elle être abandonnée depuis le « non » au referendum ?

Ce referendum, il est terrible. On a agité les épouvantails. Il y a longtemps pourtant qu'économiquement ce pays est fusionné. Dans un bateau, il n'y a pas un commandant de l'avant et un autre de l'arrière. C'est pareil pour le navire du pays des Olonnes, il faut un commandant. Et un cap. Cette idée de fusion reviendra, c'est obligé... La seule frontière aujourd'hui est celle entre la nature et l'urbanisme. Celle-là mérite un combat. Le combat de l'harmonie.

Et le Vendée globe ?

Il nous ouvre d'autres horizons. Il doit être la courroie de transmission en notre passé maritime et notre présent. Ce doit être le phare qui éclaire nos projets, avec entre autres la future cité maritime. Le Vendée globe ne peut pas être seulement un événement marketing. Il faut lui donner sa force et y travailler. Pas tous les quatre ans, mais tout le temps. À chaque marée...

 

Recueilli par Renaud GARNIER.

Ouest-France

 

http://www.lessalines.fr

 

 

 

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