SOUS QUEL RÉGIME VIT LA FRANCE ?
En ce dimanche, veille du déconfinement, deux informations doivent nous interroger :
Le Parlement a adopté une nouvelle loi qui prolonge l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet inclus abandonnant provisoirement ses prérogatives
L’espace d’expression des libertés individuelles se rétrécit sans cesse : des obligations nouvelles, le pistage, limitation des déplacements…
LE RÔLE DU PARLEMENT AFFAIBLI
Le Sénat et la Chambre des Députés qui font la loi vont à nouveau suspendre leurs prérogatives pour tout ce qui a trait de près ou de loin voire de très loin à l’épidémie de CORONAVIRUS...l’habilitation va très loin puisqu'elle comprend même les conséquences économiques, judiciaires...
C’est un Parlement squelette qui a voté puisque les parlementaires sont eux aussi confinés. Mais, au moins, il y a eu débat.
Désormais jusqu’au 10 juillet 2020, des textes de tous ordres seront élaborés et mis en application sans passage par la loi…des décrets vont pleuvoir comme il a plu des ordonnances depuis mars : plus de 70 ! Le Parlement, la représentation nationale a signé son inutilité.
Ceci est une dérogation très grave à la démocratie fondée sur le nécessité acceptée par les français afin de lutter contre Covid-19.
LE RÔLE DES INDISPENSABLES CORPS INTERMÉDIAIRES, MAIS IL EST TOMBÉ EN DÉSAFFECTION
La démocratie directe est quasiment impossible dans un pays comme la France. La voix du peuple entre deux élections ne peut plus se faire entendre même si les libertés d’expression, de circulation et celle de manifestation existent encore en théorie (un rassemblement de plus de 10 personnes est interdit !). Les tentatives de référendum d’initiative populaire…il ne reste qu’au niveau local que les consultations et référendums locaux pour dénouer des situations locales bloquées ou trancher mais cela reste une initiative d’élus.
Puisqu’il en est ainsi et pour maintenir le lien ou au moins un certain dialogue entre citoyens et État où se sont développés les indispensables corps intermédiaires : partis politiques, syndicats…qui devraient être les porte-paroles des citoyens. Une sorte de contre-pouvoir.
Malheureusement, ils ne peuvent jouer leurs rôles de bons offices car ils ne sont plus crédibles aussi bien auprès du peuple qu’auprès de l’État. Les derniers exemples des déviations du rôle des syndicats est celui de la CGT qui fait fermer une usine comme celle de RENAULT SANDOUVILLE par un simple référé sans consultation du personnel ! Bientôt que va-t-il rester de la représentation syndicale ?
C’est une situation dangereuse car justement en cas de crise il ne restera plus au peuple que la rue pour tenter de se faire entendre. Cela peut déboucher par le triomphe des extrémismes qui crient plus fort que les autres dans la rue…Or, chacun sait que lorsque la parole est prise par la rue, c’est la porte ouverte au pire.
LE PARADOXE :
- PLUS DE PARLEMENT, PLUS DE CORPS INTERMÉDIAIRES, UNE JUSTICE AU POUVOIR IMPUISSANT…DONC UN PRÉSIDENT SEUL AVEC SON GOUVERNEMENT AUX ORDRES
- EN FACE : UN PEUPLE SOUMIS, SONNÉ, SANS RÉACTION QUI NE COMPREND PAS QUE, NI LUI, NI SES REPRÉSENTANTS, N’ONT PLUS LEUR MOT À DIRE
Le Président concentrant des pouvoirs exceptionnels, c’est un mode de gouvernance peut-être adapté à un temps de crise…(l’histoire le dira) qu’il faut, peut-être, aussi, accepter…le prix à payer pour gagner la lutte contre le virus. ?
Quel échec pour notre Pays démocratique et légaliste !
Mais, il faut avoir en tête que cette délégation au Président doit être ponctuelle, limitée strictement à son objet…une parenthèse à vite refermer qui a une signification terrible : c’est l’aveu collectif de l’incapacité de notre « système » dit démocratique à affronter et résoudre une crise.
Le peuple, nous tous, devons donc veiller pour éviter que le cadre défini par cette nouvelle loi d’habilitation dans son objet et dans son temps soit strictement respecté.
Mais nous devons surtout pour l’avenir savoir pourquoi notre système est incapable de gérer une crise avec ses moyens constitutionnels, légaux et démocratiques…est-on « en marche » vers la VI ième République ?