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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 21:52
PROCES XYNTHIA aux Sables d'Olonne : quelques nouvelles des dernières audiences

Cette troisième semaine de procès s'achève.

 

On a appris le décès d'un des prévenus Patrick MASLIN qui était gérant de sociétés de construction et poursuivi à ce titre ainsi que deux de ses sociétés poursuivies comme personnes morales. Monsieur Patrick MASLIN était âgé de 64 ans et était apparu trés fatigué lors du début du procès et, à ce titre, il était exempté d'assistance aux audiences.

Retenons de ces dernières audiences la déclaration de l'ancien préfet de la VENDEE Monsieur Thierry LATASTE qui n'était plus en poste depuis quelques jours quand est survenue XYNTHIA :

"Le comportement de déni du maire de la Faute-sur-Mer était tout à fait caractérisé. C'est ce que j'ai rencontré de plus difficile à faire bouger dans toute ma carrière" .

Il n'a pas pu faire plier le maire de La faute sur Mer pour qu'il mette en place un Plan de Prévention des Risques d'Inondation et qui n'a pas pu imposer à ses services la DDE particulièrement d'assumer leurs responsabilités . On peut admettre la décentralisation mais donner tout le pouvoir aux maires sans garantir aux citoyens un contre-pouvoir est une erreur dont les citoyens pâtissent tous les jours...l'Etat a laissé s'établir des roitelets dangereux pour tout : la sécurité, l'économie locale, l'égalité des citoyens face à la loi...

Nous ne dirons rien sur la prestation du témoin le sénateur Alain ANZIANI rapporteur d'une mission sénatoriale dirigée par le Président du Conseil Général de la VENDEE Bruno RETAILLEAU 

Alain ANZIANI  n'apporte aucune information qui mérite qu'on s'y arrêtât ; irritant vis à vis des familles des victimes, il n'a rien apporté  à la défense des prévenus et nous pensons même qu'il a desservi leur cause.

Il faut d'ailleurs se demander à quoi va servir son rapport ?

Changeons de registre avec le témoignage du colonel des pompiers Philippe CHABOT.  Cet homme de terrain et de coeur a vu durant sa carrière le pire lors des interventions sur des accidents et le meilleur : des sauvetages. Pour lui, la nuit du 27 au 28 février 2010 restera son cauchemar. On peut le comprendre pour ceux dont la vocation est de sauver d'être dépassés, impuissants durant les premières heures de la catastrophe qu'il suivait minute par minute depuis l'appel d'une jeune volontaire vers 3h15 du matin. L'émotion l'a emportée lors de son témoignage. On sent la pression qui continue à peser sur cet homme.

 

Un témoin membre de la DDE, Stéphane MONTFORT, après des explications confuses pour le public non averti en matière de délivrance des permis de construire à la FAUTE-sur MER est poussé dans ses retranchements par le magistrat assesseur qui précise concernant la réglementation : 

"Ce qu’on essaie de vous faire comprendre, c’est que le texte tel qu’il est rédigé, il n’est pas applicable pour des maisons de plain-pied. J’ai l’impression que vous découvrez aujourd’hui cette obligation de construire à 4m90 NGF. Je me trompe ?"

C'est la confusion...on parle "administratif" alors qu'il s'agit d'un risque majeur pour les populations .

Le Président ALMY enfonce le clou " Ce n’est pas simplement une question de comprendre le dysfonctionnement. Il faut que vous touchiez du doigt que ça a eu un impact très important, notamment sur le lotissement Les Voiliers. C’est vrai que c’est quand même surprenant ce manque de clairvoyance, de curiosité. Pas que de votre part d’ailleurs, hier on a posé la même question." Rappelons que le lotissement des Voiliers est le site qui fut le plus "touché".

Désormais l'audience se transforme en procès du fonctionnement des services de la DDE avec cette phrase terrible  de la défense  : "Si on vous charge d’instruire ces permis, c’est parce qu’il n’y a pas la compétence technique dans ces communes ". En clair, la responsabilité ...s'il y en a une ...est transférée de la commune à la DDE et cela signifie que les prévenus dont le maire et son adjointe ne sont plus les responsables des défaillances qui ont peut-être coûté la vie à nombre de personnes.

Et à la défense d'enfoncer le clou "Cette déposition est particulièrement importante et lourde de conséquences. Je suis en effet, comme le Tribunal, absolument bouleversé de voir cette espèce de néant de l’administration sur qui tout reposait" et tout cela sur des faits datant de 2007...le résultat de ces défaillances est malheureusement apparu en 2010 !

 

On ne peut passer sous silence le témoignage d'un autre cadre de la DDE Monsieur Stéphane RAISON. Nous attendions ce témoignage car nous avions été destinataire d'un exemplaire de son intervention aux Xèmes Journées Nationales Génie Côtier – Génie Civil, 14-16 octobre 2008, Sophia Antipolis...oui 2008 et un lecteur attentif aurait vite assimiler le danger annoncé et écrit qui fait dire à Monsieur RAISON "La rupture des digues sur ce secteur engendrerait des dégâts majeurs aux biens et aux personnes en regard de la carte des aléas....La vulnérabilité du littoral vendéen aux submersions marines ne fait aucun doute. A partir de l’année 2000, les services de l’Etat travaillent à l’élaboration d’un atlas des zones de submersion marine. Sur la base d’un aléa de référence fixé à 4 m NGF, les zones submersibles sont calculées et cartographiées"

Le Président sonde le témoin sur la notion de risque et la réponse est nette :

"Non. Je travaille dans le domaine des risques depuis suffisamment longtemps. J’ai démarré ma carrière en 1995 dans le département de l’Ain sur les définitions du risque. La doctrine est très claire, le risque ne se négocie pas. Pour moi, un aléa ne se négocie pas."

Alors pourquoi la DDE et le Préfet n'ont-ils pas imposé les mesures préventives, le Plan de Prévention des Risques d'Inondation et le ¨Plan de sauvegarde ? Il y a bien dans nos structures après la décentralisation un déséquilibre dans les rapports maire et préfet.  A la FAUTE-sur-MER on a vu à quoi cela peut hélas aboutir .

 

 

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