DES PRECISIONS SUR LE PROCES HORS NORME
Ce mardi 22 septembre 2014 les parties civiles, victimes de la tempête XYNTHIA ont continué à être entendues dans l'enceinte du tribunal des Sables d'Olonne.
Faisons d'abord trois remarques importantes :
- ce procès "hors norme" se déroule en correctionnelle : ce n'est pas la tempête qui est jugée. L'homme ne peut rien contre les éléments déchainés au cours de cette nuit du 27 au 28 février 2010.Il ne peut que constater cette violence et prendre des mesures de protection des populations. Justement, ce qui est jugé, c'est la responsabilité des hommes qui, par leurs fonctions, avaient le devoir de protéger leurs concitoyens : maire, élus, fonctionnaires et autres représentants de l'Etat...ont-ils oui ou non mis en danger la vie d'autrui par leurs éventuelles négligences ?
- on appelle improprement ce procès le procès XYNTHIA . En fait ,il ne s'agit que d'un procès visant à rechercher d'éventuelles responsabilités pour des faits s'étant déroulés dans la seule commune de la FAUTE SUR MER. Cette commune ravagée pleure 29 victimes décédées, une cinquantaine de blessés, et des dégâts psychologiques et matériels considérables? Le tribunal s'est rendu sur place ce jeudi 25 septembre.
- il manque dans la salle d'audience les représentants de l'Etat qui se sont succédés avant XYNTHIA et qui n'ont pas su ou pu imposer les mesures que nécessitait la protection des citoyens : le risque était connu.
Des témoignages des victimes qui sont auditionnées nous entendons tant de cris du coeur qui ne sont pas prêts de s'étouffer. Un procès équitable rétablira, on l'espère, un peu de sérénité mais l'oubli est impossible.
Retenons quelques phrases:
"il n'y a pas de degré dans le malheur" dit une victime qui a tout perdu mais dont tous les membres de sa famille sont des rescapés,
"On a tout perdu mais on était encore en vie"
"C'était notre petit paradis c'est devenu un enfer"
"Les cris ont été remplacés par le silence, je savais alors que mes voisins étaient morts"
Prenons le témoignage de la famille CHIRON.
A la barre est appelé le gendre Dominique CAILLAUD, responsable de bureau d'études, le papa des deux petites filles des époux CHIRON. Il reprend la description de ces minutes terribles où l'eau brise les ouvertures, "les cloisons valsent, la force de l'eau fait voler les portes..."L'eau monte très vite dans la maison : 1 mètre, 1 mètre 50...le repère fait par monsieur CAILLAUD disparaît. A 4 heures 30 c'est la fin de la marée haute. Il faut sortir car la prochaine marée aura un coefficient plus fort, pense Monsieur CAILLAUD.
Il décide d'aller chercher un canoë dans un garage pour évacuer sa femme, ses enfants et ses beaux-parents. Il revit ce trajet pour récupérer le canoë, le ramener à pied, le faire entrer dans la maison puis évacuer dans un premier temps ses deux enfants et son épouse puis dans un deuxième temps ses beaux parents...sans rame marchant ou nageant pour faire avancer le canoë avec la peur qu'il chavire.
Monsieur CAILLAUD va s'effondrer après ces heures passées dans l'eau glacée sans protection. Puis il s'aperçoit après coup qu'il est passé devant la maison de ses amis DUBOIS et qu'il n'a pas eu le réflexe de s'enquérir de leur situation ; ces deux personnes sont décédées. Dur, très dur pour Monsieur CAILLAUD.
Lui succède à la barre sa belle-mère Madame CHIRON qui retrace sa vie depuis 1995 à la FAUTE SUR MER. Avec son mari Michel, elle a plongé dans la vie fautaise, elle a dévoré tout ce qui était histoire de La FAUTE et L'AIGUILLON.
Elle reprend quelques éléments du "sauvetage" organisé par son gendre Dominique en y ajoutant l'anxiété qu'elle a eue après son départ pour aller chercher le canoë.
Mais aprés XYNTHIA, le drame se poursuit pour elle. Car si Madame CHIRON est là pour témoigner c'est aussi au nom de son mari qui est décédé en juillet 2013 d'un cancer "je suis persuadée que c'est XYNTHIA qui l'a tué". C'est cela le drame de XYNTHIA...pendant la tempête et après.
Madame CHIRON fait partie des gens qui s'étaient informés grâce à un article de l'"Echo fautais" sur le "danger d'inondation" ; elle savait qu'elle risquait d'avoir 1,30 mètre d'eau chez elle si se cumulaient les effets du vent, d'une marée forte, et autre chose qu'elle ne peut nommer, la surcote. " Qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse ..."répondra-t-elle au Président ALMY.
Pour cette famille aussi, il n'y a eu aucune information sur le risque ni de la part du notaire ni de l'agence qui lui a vendu le terrain, ni de la commune. L'Agence était dirigée par le "maître de digues" qui ne pouvait, par définition, ignorer le risque de submersion. "Si on avait été au courant, il y aurait eu beaucoup moins de morts "