Pour comprendre retenons quelques témoignages des parties civiles à la barre.
Les époux LE ROY eux ne sont pas "fautais". Lui, fait, modestement, sobrement le récit du sauvetage d'un voisin blessé. C'est naturel "anodin".
Les époux LE ROY seront sauvés par des marins pêcheurs.
Cela permet de rappeler les conditions qui régnaient sur la Faute-sur- MER cette nuit du 27 au 28 févriier 2010 et qu'on ne pouvait imaginer :
- la nuit, plus d'électricité...
- une eau glacée,
- le vent avec des rafales qui ont dépassé les 120 km heure,
- la violence de ce flot dévastateur porteur de tout ce qu'il arrache sur son passage, qui blesse tous ceux qui commettent l'erreur de sortir de chez eux...mais comment faire autrement quand on se sent piégés dans une maison de plain-pied où l'eau entre avec une violence inouîe aprés avoir fait éclater les baies, sauté les portes, arraché les cloisons...?
- les cris d'appel au secours de voisins,
- des secours sans moyens aux abonnés absents jusqu'au lever du jour.
DES MIRACLES, DES SAUVETAGES
La famille Fourgereau, le père Gérard, sa femme Michèle, leur fille Sandra sont venus témoigner...des rescapés. Le père raconte comment ils ont fui leur maison en sautant dans l'eau glacée.
Le père et son gendre ont porté les deux petits enfants. Accrochés les uns aux autres, la mère blessée et sa fille, ils ont tenté pour fuir de lutter contre le courant et leur sortie n'a pas été plus loin que la maison de leur voisin qui leur a ouvert la porte. Ils étaient déjà épuisés. Les deux familles, 10 personnes, ont ainsi attendu les secours : le père, Gérard, victime de l'eau froide flotte dans la pièce inconscient. Les enfants sur un divan sont au-dessus de l'eau. La mère les tient éveillés. Unis, le père de ces voisins et le père des enfants Fourgereau ont réussi à ouvrir la porte de la chambre des deux filles et à les sauver.
Aujourd'hui, Madame Michèle Fourgereau, qui transférée le dimanche à l'Hôpital de Luçon puis à celui de la Roche sur Yon subira deux interventions ( fractures de l'épaule) ne peut que répéter que c'est "un miracle" de se retrouver tous les 6 ! D'autres n'auront pas cette chance dit-elle. " Si on avait été prévenus cela aurait tout changé"...c'est tout le problème de l'alerte, problème qui sera bientôt au coeur des débats.
COMPASSION ?
Son récit et celui de sa fille Sandra furent très, très durs à entendre et nous ne pouvons que regretter que des journalistes de la presse nationale osent accuser le tribunal de tomber dans un excès de compassion. Il y a environ 150 parties civiles : peu, très peu ont accepté de témoigner à la barre. Il faut donc laisser à ceux et celles qui ont ce courage le droit de s'exprimer en leur nom mais ils le font indirectement aussi au nom de tous ceux qui ne peuvent plus revivre leur cauchemar en public. Ceux-là ne viendront pas témoigner.
Le témoin Christian VASSELIN a bien expliqué cela : il est venu représenter sa fille, le compagnon de celle-ci et ses deux enfants. Sa fille n'a pas eu la force de venir elle-même.
Nous trouvons indécents cette position journalistique teintée de juridisme approximatif et nous espérons qu'ils n'ont pas rajouté de l'incompréhension (le mot est faible) au traumatisme de toutes les victimes.
On ne peut passer sous silence les témoignages des époux FERCHAUD. Lui, habitant de la Faute est l'ancien maire d'une petite commune rurale de Vendée MOUZEUIL. Il dit son étonnement concernant le" laxisme au niveau de l'urbanisme" ;.."on est élu pour faire le boulot" . Le fameux Plan de Prévention des Risques d'Inondation PPRI obligatoire pour la Faute se heurte à la mauvaise volonté du maire."J'aurai tout fait pour le faire valider" dit-il.
Son épouse Colette décrit sa nuit d'angoisse. quand la baie a explosé "l'eau a tourbillonné". Son mari lui intime l'ordre de rejoindre leur bateau normalement sur cale qui se déplaçait dans le jardin. Ce fut leur refuge "au sec" "on a fait des pompes pour se réchauffer". Ils attendront ainsi jusqu'à l'arrivée des secours.
Ils font partie des gens qui ne comprenaient pas que sur les terrains au pied de la digue on ait construit : "c'était des terres où il y avait plein d'eau, on a mis des maisons ...(durant la construction) on pompait pour enlever l'eau des terrains, c'est pas possible ".
Colette FERCHAUD adresse ses remerciements à l'AVIF (l'association d'aide aux victimes des inondations de la Faute-sur-Mer et de ses environs).: "ce sont eux qui nous ont pris en charge, aidés, pour les reconstructions ils étaient encore là".
Les témoignages se sont poursuivis ce vendredi.
Le docteur BOUNACEUR a sauvé sa fille qu'il a pu tirer sur le toit de leur maison. Mais il a perdu sa femme, sa mère et deux enfants.
Monsieur Rémy PLAIRE a perdu sa compagne. Lui, l'ancien militaire qui avait vécu des moments durs est vaincu par XYNTHIA. Il a vu sa compagne partir.
Ces deux témoins portent en eux toute l'horreur de cette nuit.et d'autres viendront seront appelés à la barre au début de la semaine prochaine.
Tous ces témoignages sont nécessaires aux victimes d'abord, au public qui sait maintenant ce que signifie "la cuvette de la mort" de la Faute-sur-Mer.
On imagine mal comment les magistrats depuis le début de l'instruction jusqu'à ce jour peuvent être marqués et quelle sera leur sérénité.