Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es.
Nous avons besoin pour nous nourrir de manger des légumes, des fruits, de la viande et du poisson - sauf à être végétarien ou végétalien -. Nous devons donc appréhender les filières de production dans leur globalité.
En novembre de nombreux articles dans la presse et des émissions à la télévision ont mis en exergue les effets néfastes de la « malbouffe ».
Première constatation : nous en sommes restés dans la plupart de ces filières agricoles ou maraîchères aux schémas de production de masse de l’après-guerre. Après la pénurie, il fallait alors avant tout nourrir les populations. Le quantitatif l’emportait sur le qualitatif, et ce sans état d’âme. Les conditions économiques actuelles et la crise que nous traversons n’ont aucune commune mesure avec cette période d’après-guerre. Il nous faut donc nous poser les bonnes questions : faut-il continuer à produire de la même manière de la viande issue d’animaux en batterie et des poissons de fermes d’élevage ? Ne devons-nous pas changer nos habitudes alimentaires et réduire notre consommation de protéines animales ?
Les documentaires télévisés « Poisson : élevage en eaux troubles » sur France 2 et « Alerte aux antibios » sur France 5, nous donnent à réfléchir. Pourquoi les consommateurs que nous sommes n’utilisent-ils pas ou si peu leur droit de décision dans le choix des filières de production ? Ouest France intitulait l’un de ses articles : « Le consommateur bio : éclairé mais pas plus riche » et indiquait : « Stop aux idées reçues. Non les mangeurs de produits bio ne sont pas plus fortunés que les autres. En revanche ils sont plus éduqués et physiquement plus actifs. C’est ce que révèle l’étude publiée dans la revue scientifique Plos One. Il est précisé que les consommateurs réguliers de bio ne représentent que 7 % de l’échantillon étudié.
Nous constatons que les conséquences de la malbouffe se traduisent :
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Au niveau humain par une antibiorésistance liée à l’ingestion de viande d’animaux et de poissons traités en préventif par des antibiotiques contre les maladies liées à la promiscuité. Notre espérance de vie risque d’en être affectée.
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Au niveau animal : souffrances des animaux élevés dans des conditions indignes et dans le mépris de leur régime nutritionnel (protéines animales données à des herbivores lors du scandale de la vache folle).
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Au niveau des sols : terres souillées par l’utilisation abusive des pesticides et de mauvais engrais. La terre peut mettre 80 ans à digérer les nitrates. Des calculs ont été soumis à un jury de scientifiques avant publication dans la revue américaine « Proceedings of the National Academy of Sciences ».
Il ne faut pas stigmatiser les seuls agriculteurs ou éleveurs.Dans une économie de marché, ils se contentent en effet de répondre à la loi de l’offre et de la demande. Comment pouvons-nous agir en tant que consommateurs ? Tout d’abord en privilégiant les circuits courts et en limitant donc les intermédiaires entre producteurs et consommateurs. Nous y gagnerons à deux niveaux :
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en traçabilité des produits Des progrès ont été réalisés avec la mise place le 1 janvier 2012 de l’appellation d’origine protégée (AOP). Elle a le mérite de clarifier l’offre pour le consommateur.
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L’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) n’a en effet pas les moyens de contrôler la qualité sanitaire de l’ensemble des produits alimentaires mis sur le marché.
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une meilleure rémunération des producteurs sera plus en adéquation avec leur valeur ajoutée. Cela leur permettra de tirer la qualité des produits vers le haut. Ils seront ainsi mieux armés face à la concurrence des pays fournissant des produits bas de gamme peu scrupuleux sur les règles d’élevage ou de production agricole.
Nous les Français qui sommes si prompts à donner des leçons ou à nous indigner, informons-nous et agissons.