Nous vous laissons apprécier les propos de Monsieur François PELLETANT, maire de LINAS et Président des maires de l'Ile de France.
Nous ne sommes pas sûrs que cela fasse avancer l'idée d'une vraie réforme territoriale.
Ce n'est pas parce que l'Etat est incapable de se réformer que les collectivités locales sont exemptes de leur devoir de mieux gérer leurs finances, leur patrimoine...Ce blog que vous nous faîtes l'honneur de lire, dans ses plus de 2.000 articles en ligne, fourmille d'exemples de gaspillage des collectivités locales...et encore nous aurions pu noircir le tableau !
Défendre le statu quo, les 36 000 communes...les cantons, arrondissements, communautés...sous prétexte que l'Etat ne se réforme pas n'est pas une façon de faire avancer ls réformes que les français attendent.
Quand Monsieur PELLETANT écrit "nos collectivités n'ont malheureusement plus rien à donner", il va trop loin : 250 milliards de budget...des dépenses de fonctionnement qui ,en 2013, ont encore augmenté de plus de 3%...c'est inadmissible pour les français qui payent !...Monsieur PELLETANT devrait lire plus attentivement les rapports de la Cour des Comptes, les observations des Chambres Régionales des Comptes, les écrits de Monsieur le député René DOSIERE...
Que les collectivités locales donnent l'exemple et trouvent elles-mêmes les moyens de faire l'économie de 25 milliards d'euros par an qu'il leur est possible de faire...mais ne sont-ce pas les mêmes qui au niveau local et au niveau national décident grâce au cumul des mandats ?
Il est un point où Monsieur PELLETANT a raison : "ces bouts de réformes...ont de quoi nous laisser baba"
Voici l'intégral du propos de Monsieur PELLETANT
" Réforme territoriale: mille-feuille ou pièce montée?
Lorsque dans une entreprise en difficulté, on réduit les salaires et les avantages sociaux des ouvriers sans remettre en cause les rémunérations et le train de vie excessifs des dirigeants, nous sommes tous révoltés.
Et bien, c'est exactement ce qui est en train de se produire dans nos institutions publiques, depuis l'offensive contre le "mille-feuille territorial", alors qu'à côté on déplore sans s'y intéresser, les excès, gâchis et autres lourdeurs indigestes de la pièce-montée étatique.
Représentant, de façon imagée, et non moins appétissante, la superposition des collectivités locales françaises, voici le "mille-feuille territorial" devenu célèbre depuis 6 mois qu'il est désigné responsable de tous nos maux.
Pendant que tous s'emploient à lui taper dessus à bras raccourcis, permettez-moi de vous présenter, son corollaire: la pièce-montée symbolisant l'État et ses administrations.
La pièce montée est le plus gros, le plus grand, le plus cher des gâteaux. Composée d'un nombre incalculable de choux -même le pâtissier serait en mal de les dénombrer une fois posés-, organisée en pyramide, elle comporte à son sommet une sorte de marionnette de cire changeante en fonction des événements.
Les choux sont solidarisés entre eux par du caramel dur ce qui les rend très difficilement détachables. Une de leurs particularités, c'est qu'on ne peut jamais savoir ce qu'il y a à l'intérieur, c'est la surprise. Si vous n'aimez pas le café ou le chocolat, ou encore le Grand Marnier, tant pis, c'est quand vous aurez les dents dans la crème que vous découvrirez à qui vous avez à faire.
Pour démonter la pièce montée, il faut une sacrée dose de courage, chacun a sa technique et il n'est pas facile d'y parvenir sans mettre les mains dans le caramel.
On pourrait broder indéfiniment sur l'épaisseur de la nougatine incassable -qui n'a rien à envier à l'épaisseur du mille-feuille,- le vide intérieur de la pyramide, le caractère non déplaçable de la pièce-montée au risque de la briser en mille morceaux, etc. Inutile, vous avez bien compris ce que je veux dire.
Si les financiers de Bercy cherchent des économies, est-ce dans les 101 départements et les 27 régions qu'ils vont les trouver ou dans les 238 Sous-Préfectures et les milliers d'administrations, Epic et Epa de l'Etat?
Bien sûr, la logique nous tend les bras.
Réduire le nombre des 36.000 communes, supprimer les départements, fusionner les régions, regrouper les communautés, que de bon sens, mais que de fausses économies et que de mauvaises priorités.
Vous allez savoir pourquoi: • L'État, c'est près de 6 millions de fonctionnaires et de salariés, les collectivités locales c'est 2 millions •
L'État, c'est une dette de 65% du PIB, les collectivités locales, 10 fois moins •
L'État, c'est 3,5% de l'investissement public, les collectivités locales, c'est 70% •
L'État, c'est un budget de 600 milliards d'euros, les collectivités locales, c'est 225 milliards (dont 53 milliards proviennent de dotations versées par l'État aux collectivités locales) •
L'État, c'est 30 ans de budget déséquilibré, les collectivités locales c'est "Jamais", la loi l'interdit formellement .
Et l'on pourrait ainsi poursuivre à l'infini cette convaincante énumération, les chiffres sont têtus et tous convergent pour nous enseigner cette vérité: les quatre quarts des économies à réaliser ne sont pas là où on les cherche, en tout cas pas dans un mille-feuille amaigri depuis tant d'années de transfert de compétences et dont il ne reste plus que la pâte feuilletée.
D'ailleurs, il n'y pas besoin de logique des chiffres pour s'en convaincre, que croit-on?
Que les maires de France, les exécutifs des départements et des régions ne se sont jamais intéressés à l'optimisation de leurs finances?
Que pendant 15 ans, face au transfert des coûts de l'Etat sur les collectivités et à la rareté de l'argent public, nos élus locaux n'ont pas cherché à réduire leurs dépenses, à faire des économies, à minimiser leurs frais de fonctionnement, à diversifier leurs ressources?
Regardez autour de vous, où pensez-vous que se trouvent des pertes et des gâchis? Dans la mairie de votre village ou dans les buildings parisiens des administrations centrales?
Qui peut faire croire que les élus locaux ont passé toutes ces dernières années à attendre sous les palmiers, les deux pieds dans le même chausson aux pommes?
Alors cette rafale de lois, ces grands chamboulements, engagés depuis janvier à la vitesse de l'éclair, en se contredisant les uns les autres, en dépliant, découpant, triturant, manipulant la cartes des régions comme des cartes d'état major, ont certainement un but mais pas celui de faire faire des économies au pays.
Prenons un premier exemple: nous sommes tous d'accord pour que les régions qui construisent et entretiennent les lycées s'occupent désormais des collèges.
Et pourtant, le regroupement de tous les fonctionnaires sous la seule administration régionale va entraîner un lissage par le haut des rémunérations et des régimes indemnitaires ce qui va se traduire par une augmentation de 15% du coût de fonctionnement des collèges.
Tant mieux pour nos personnels TOS s'ils en sont les bénéficiaires, mais était-ce le bon moment?
Autre exemple: 48% des dépenses des départements sont des dépenses dites obligatoires, constituées principalement des RSA, APA et autres prestations sociales versées à nos concitoyens.
Que va-t-on économiser en supprimant les départements et en transférant ces dépenses à d'autres?
Y-aura-t-il miraculeusement moins de bénéficiaires de ces aides sociales?
Par quelle magie verrait-on se réduire des budgets qui, depuis 20 ans, sont exponentiels?
Arrêtons de fantasmer, nos technocrates le savent bien, tel le citron melba à la fin du repas, nos collectivités n'ont malheureusement plus rien à donner.
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Réforme territoriale : 10 cartes pour inspirer François Hollande •
La réforme territoriale votée à l'Assemblée, la guerre des cartes peut continuer • Réforme territoriale: la forme de la nouvelle région Aquitaine-Limousin amuse les internautes En réalité, tout ceci n'est pas une question d'argent. D'ailleurs on ne nous propose rien en rapport avec cet objectif, ni optimisation, ni économie chiffrée, ni dépense supprimée, ni nouvelle ressource autre que des impôts supplémentaires. La seule chose que l'on puisse nous répondre lorsque l'on s'interroge sur la démarche, c'est: "Big Bang".
Tout un programme, qui s'illustre magnifiquement dans le débat parlementaire de ces derniers jours.
Voici bientôt un siècle que la crème de la crème de nos technocrates fait de la mousse autour de cette idée avec pour seul but de réduire par tous les moyens les pouvoirs locaux.
Dans les années 50, on a tenté de fusionner les communes, ce n'était pas de la tarte.
Beaucoup de villes et villages qui s'engagèrent dans cette voie firent machine arrière.
Les énarques de l'époque comprirent que de toucher aux communes était le meilleur moyen de recevoir des tartes à la crème.
Alors on inventa l'intercommunalité avec pour but de vider les villes et les villages des leurs compétences.
Ainsi sont nés les districts, puis les syndicats, puis les pays, missions locales, Siep, puis les communautés, et comme on n'arrête pas une idée folle, chacun a rajouté sa couche. Même les nouvelles lois "simplificatrices" Hollande-Ayrault-Valls, vont créer en plus de tout ceci des "métropoles" et "des territoires".
Voici la recette du millefeuille à la française.
Toulouse, Strasbourg, Lyon, La Rochelle, Paris, Brest...
On nous culpabilise avec nos 36.000 communes jugées bien trop nombreuses, alors que dans un même temps, on prône des services de proximité pour les usagers et les habitants.
La nouvelle loi propose même de créer des guichets uniques -encore une couche au mille-feuille- pour se rapprocher des usagers.
On veut faire disparaître certains départements, mais on veut dans le même temps commencer à regrouper les intercommunalités à des tailles "départementales" de 200000 à 300.000 habitants. On n'a d'estime que pour les länders allemand - et pourquoi pas les omelettes norvégiennes - mais quand on redécoupe les régions, on laisse inchangée l'Ile-de-France et l'on fusionne les régions les plus pauvres ensembles (Limousin et Centre par exemple)
Tout ceci, c'est du flan.
Si l'on veut faire un travail utile au niveau de nos collectivités, arrêtons de les battre en neige et faisons déjà correspondre les périmètres des différentes structures de coopération.
De tout temps, les découpages ont été envisagés en fonction de considérations politiciennes.
Plutôt instable comme critère!
Du coup, aucun périmètre ne se superpose à un autre. Si l'on veut faire un travail utile pour notre pays, ne cherchons pas à transformer un mille-feuille en crêpe, mais reconsidérons l'ensemble de notre organisation administrative, osons toucher à la pièce montée, décentralisons, donnons le pouvoir à ceux qui ont montré, depuis 30 ans, qu'ils savaient en faire bon usage.
Cette réforme ou plutôt ces bouts de réformes qui nous arrivent dans un cadencement bimensuel, sans cohérence ni originalité, sans début ni fin, sans impartialité ni ambition, sans intérêt ni adhésion, sans préavis ni concertation, ont de quoi nous laisser baba. "