SOIGNER MIEUX
Pour Sœur ROXANE STUDER, responsable d'une unité de soins palliatifs en Bretagne, à Malestroit, la prise en charge de la dimension spirituelle du malade est une priorité.
Ils étaient une centaine ce samedi 18 février 2017 à abandonner le beau soleil pour aller écouter sœur Roxane développer sa démonstration sur le développement d'une alternative à ce qui se pratique mal et trop peu en matière de soins pour les malades en fin de vie.
On a toujours tort de ne pas s'informer sur l'intervenant quand on va assister à une conférence surtout si le thème est aussi sujet à controverse et abordé par le béotien avec plein d'apriorismes. Pour l'auditoire, le ton, la profondeur de la pensée et l'humanité de ce professionnel de la santé furent une découverte.
Un journaliste avait posé cette question à Sœur Roxane : Quelle est votre approche de la personne dans votre service ?
Sa réponse :
"Nous essayons de la considérer dans ses quatre dimensions : physique, psychique, sociale et spirituelle. Chacune est prise en charge par des professionnels spécialisés : médecins et paramédicaux, psychologues, assistants sociaux. Le problème du soin en France, c’est qu’on néglige la dimension spirituelle de la personne. Elle est le plus souvent omise par les soignants, parce qu’elle est assimilée aux domaines du religieux ou du psychologique."
Sœur Roxane a emmené son auditoire loin, très loin aux frontières de la philosophie et aux frontières du réalisme sur la douleur de la fin de vie et du mystère de l'homme : d'où vient-il ? Où va-t-il ? Il n'a pas demandé à vivre.
Nous serons tous appelés à être des soignants.
D'origine suisse, sœur Roxane a cheminé de la fonction d'infirmière à celle de chef de service d'une unité de soins en passant par celle de porte parole d'un axe de recherche du mieux être, du mieux soigner et bien sûr par sa vie religieuse.
"Choisis la vie : comment aider l'autre, souffrant, à façonner sa demeure intérieure." fut le thème interpellant.
On a été loin de textes de loi controversés, de discours de salon...
Résolument mais calmement sœur Roxane a préparé son auditoire à admettre qu'il y avait une autre voie que l'euthanasie, qu'il fallait prendre conscience de la dimension spirituelle dans la prise en charge du patient " ce n'est pas un domaine de spécialiste mais une partie intégrante du soin."
Cela n'a pas empêché en réponse aux nombreuses questions posées de fustiger une médecine qui a tous les moyens de soulager la douleur : "c'est inhumain de laisser souffrir les gens"," Donner la mort n'est pas la solution?".
Il y aurait tant d'autres réflexions à rapporter . Retenons que le spirituel n'est pas que le religieux et que si le corps se dégrade l'esprit s'accroît jusqu'au dernier moment et donc la communication demeure.
Une certitude : les paroles de Sœur Roxane ne s'envoleront pas pour ceux qui ont eu la chance de les écouter.
Pour conclure par cette citation, un parmi tant d'autres messages que sœur Roxane nous laisse :
"Notre rôle à nous, c'est d'aider les malades à transformer la souffrance morale en une réconciliation avec la vie...la maladie entrouvre en chacun de nous une fenêtre spéciale de notre vie intérieure, qui libère l'amour enfoui en nous et est un appel aux vraies valeurs..."