La salle d'audience du Tribunal de Grande Instance des Sables d'Olonne : pour une rentrée solennelle
LA JUSTICE À LA PEINE, LES MAGISTRATS ASSUMENT LEURS FONCTIONS ET CHARGES MAIS...
La Justice a besoin de sérénité, elle se drape dans un cérémonial peut-être désuet mais cette solennité c'est sa protection : rendre la justice ne doit jamais être une opération banalisée.
Rendre la Justice au nom du peuple français c'est exercer un pouvoir qui ne peut souffrir la médiocrité.
Les hommes et les femmes à qui est confié le pouvoir de juger n'ont pas le droit de faillir afin que les citoyens leur fassent confiance.
LE RENDEZ-VOUS ANNUEL AVEC LA NATION: L'AUDIENCE SOLENNELLE
Lors de cette audience solennelle du 27 janvier 2017 le Tribunal rend compte de son activité.
Il appartient au Procureur Gilbert LAFAYE de présenter d'une part le bilan de l'année écoulée mais aussi en duo avec le Président Laurent CHATELAIN de donner le bulletin de santé du tribunal.
TOUJOURS PLUS D'AFFAIRES : " UN TRAVAIL COLOSSAL"
14 243 affaires reçues soit + 5.7% de plus que l'an passé.
Le procureur Gilbert LAFAYE ne s'attarde pas sur ce chiffre mais il livre ses calculs. Il y a 3 magistrats au parquet du TGI des Sables d'Olonne qui est le plus petit du ressort de la cour d'Appel de Poitiers dont il dépend, c'est pourtant celui qui a reçu le plus d'affaires par magistrat.
A cela, s'ajoutent les tâches supplémentaires liées aux mesures de l'état d'urgence, aux missions nouvelles, aux réformes du code pénal et en matière de procédure pénale, aux importants rassemblements qui ont lieu sur le littoral vendéen et aux gros dossiers mobilisateurs. Le dernier accident très grave sur la 2X2 voies à Sainte Flaive des Loups en est un exemple.
Le bilan de l'année 2016 est teinté d'amertume : manque de moyens humains, manque de moyens matériels, accroissement des charges génèrent l'absentéisme du personnel.
Le Procureur et le Président du TGI sont à l'unisson et ils empruntent au dernier Ministre de la JUSTICE les termes qui caractérisent les conditions d'exercice de celle-ci en France : "Le Ministre a découvert la difficulté de la Justice qui en en voie de paupérisation". "La Justice est sinistrée".
Le Procureur se veut quand même rassurant : dans le contexte difficile présenté, le TGI assume la continuité du Service Public. L'amélioration de la "productivité" est donc au rendez-vous mais gains de productivité et justice sont-ils de mise quand on parle Justice ? On peut en douter.
Le Président Laurent CHATELAIN a pris le relais avec un discours de la même veine.
Ces propos des deux magistrats, même s'ils sont parfois rassurants, sont le reflet d'une situation qui ne peut qu'inquiéter le justiciable..
Des mesures nouvelles se mettent en place pour assurer une meilleure communication avec les justiciables une passerelle est jetée entre l'Éducation Nationale et la Justice.
L'humour est présent dans les discours. Mais il ne cache pas la gêne d'une institution vénérable à la traîne dans les classements européens. La France a-t-elle une Justice à hauteur de sa réputation et à hauteur de ce que peuvent espérer les justiciables ? Certainement pas.
Les autorités présentes, le public et les professionnels de la justice peuvent donc sérieusement et légitimement avoir un doute sur la Justice en France en ce début 2017. Ils ont le droit d'être inquiets.