CONTE DE FÉE ET DE NOËL AU PAYS D’OLONNE
Après une dure journée de réunions, de palabres, d’écoute des plaintes de citoyens, de requêtes de victimes du système, une violente tempête virtuelle sortie d’un Puy d’Enfer arrache tout sur le littoral vendéen.
Trois édiles qu’on pourrait baptiser Didier, Joël et Yannick passaient par là.
Ils se retrouvent ainsi happés par la tornade et projetés dans le monde inconnu de la nébuleuse.
Ils sont accrochés sur leur petit nuage comme les fakirs sur leurs tapis volants.
Leur véhicule céleste ralentit sa course à la vue d’une immense porte en fer forgé.
Un petit homme d’allure modeste à longue barbe monte une garde bienveillante.
Ce doit être le portier de l’espace resplendissant qui apparait derrière l’immense porte.
L'homme doit être du pays car il a autour de la tête une auréole lumineuse.
En plus, il est ceint d’une large lanière de cuir d’où pend une énorme clef.
Le premier moment de stupeur passé, nos édiles-fakirs habitués aux situations délicates réalisent que, cette fois, il faut faire vite et bien quelque chose ensemble.
Il faut adresser la parole à ce sage qui les regarde avec un sourire de bienvenue.
Son front est plissé, rayé de profondes rides que les ans ont creusées.
Il ne dit mot.
Il regarde les arrivants : l'un, puis l’autre, puis le troisième et à nouveau, l'un puis l'autre puis le troisième mais il garde un silence mystérieux, pesant pour nos trois hommes qui ne doivent pas avoir l'âme en paix.
Que font-ils dans cette galère, ensemble ? Est-ce le jugement dernier ? Qu'ont-ils fait ou pas fait pour se retrouver ainsi ?
De temps à autre, le vieillard tapote avec sa main droite cette clef qui pare son côté.
Le gardien de cette immense porte nous l’appellerons Pierre pour les besoins de la cause.
Nos trois voyageurs, malgré eux, Didier, Joël et Yannick ont bien chacun une petite idée pour débuter une conversation qui pourrait leur permettre de savoir pourquoi ils sont là et même, plus osé, pour savoir de quoi demain va être fait pour eux.
Ils ont laissé quelque part en dessous une foule de connaissances que certains appellent électeurs, des flatteurs, des plus méchants appelés opposants, des amis si cela existe et leurs familles…
Personne n’est joignable par téléphone.
Il faut donc que cet honorable vieillard leur dise ce qu’il faut faire.
Le plus jeune qui a eu, là-bas en dessous, jusqu’à maintenant, beaucoup de chance et de l’audace veut se lancer. Mais il est retenu dans son élan par son voisin qui a beaucoup appris de la justice humaine, du pouvoir du verbe et croit avoir aussi acquis quelques connaissances sur la justice divine.
Il a en effet remarqué qu’au-dessus de la grande porte, il y a, gravé dans l’acier, comme une balance qui, du côté où elle penche, fait glisser dans le vide des petits hommes, tandis que sur l’autre plateau d’autres petits hommes sont projetés vers le plafond du ciel.
Il faut être opportuniste et s’adapter.
Ces deux-là, ils ne font pas trop confiance au troisième humanoïde, leur compagnon de voyage, qui n’a pas leur culture ni le même sens des bonnes manières qui permettent de se mettre dans la poche tout homme.
En plus, le vieillard à la clef, ne doit pas être facile à duper car, sous ses traits pleins de bienveillance, se cachent des yeux qui pétillent de vivacité et d’intelligence.
Le groupe des trois voyageurs désigne le plus âgé, Didier, pour ouvrir la séance…non ici ,on dit dialogue ou conversation.
« Mon bon Monsieur, excusez-nous, un vent impétueux nous a arrachés…"
Le sage vieillard Pierre se déride et le coupe dans son élan oratoire :
« Ne vous donnez pas cette peine, vous avez froid, vous être transi de peur, on est entre nous, je suis au courant de pas mal de choses et vous aussi devez savoir qu’en général quand on arrive ici on a un billet aller mais pas de billet de retour.
Vous êtes bien à la porte du Ciel, tout près du paradis; mais on n’entre pas comme cela au Ciel, côté paradis, par un vote à main levée, comme vous dites. Ici, on s’arrête on prend son temps puisqu’on a l’éternité devant nous…et on négocie…"
Á Suivre...