L'EMIGRATION un mal qui gagne du terrain : un autre signe d'inquiétude pour la FRANCE de demain.
Les conversations banales s'enrichissent d'un thème : comment vont vos enfants ? Celui-ci est en stage à Kuala Lumpur et l'autre a trouvé du travail au QUEBEC...
La France se vide-t-elle non seulement de ses cadres mais encore de ces jeunes techniciens, professionnels ambitieux entreprenants et même de ses retraités ?
Oui, l’expatriation des Français vers l’étranger s’amplifie.
Pourtant personne n’en parle. Pourquoi ?
Pour Yves Montenay,démographe, les Français émigrent massivement.
"Je suis un ancien dirigeant d’une entreprise internationale, je comprends pourquoi ils le font. Je suis un économiste libéral, je comprends encore mieux pourquoi. Mais, en dehors de quelques journaux économiques, personne n’y croit et les propos que je tiens sur ce sujet paraissent excessifs...
En particulier, un cadre supérieur travaillant à Londres ou Bruxelles et rentrant à Paris le week-end ne sera pas pris en compte bien que ce cas soit le plus grave pour l’économie nationale comme nous le verrons plus bas.
Les chiffres officiels ne donnent ni l’immigration ni l’émigration, mais le solde migratoire (immigration moins émigration) : 40 000 personnes pour 2012.
L’immigration se situant entre 200 et 300 000 personnes, l’émigration serait donc cette année-là de 160 à 260 000 personnes.
Or, il semble qu’elle s’est accélérée depuis pour les raisons que nous allons voir.
C’est donc un phénomène massif.
...Les causes de départ dont nous allons parler maintenant vont nous montrer que justement ce qui fait partir les uns fait que les autres ne viennent pas.
Pourquoi ? Ces causes de départ et de « non-arrivée » sont à la fois psychologiques et fiscales, les deux étant bien sûr intimement liées.
Les raisons psychologiques peuvent être résumées par le terme « sentiment anti-entreprise » et sont aggravées par un sentiment d’insécurité et d’incohérence.
Le plus maladroit a été de faire payer aux entreprises une pénalité de 75% des salaires des cadres les plus brillants.
Résultat : elles recrutent certains grands cadres à l’étranger, ainsi que toute leur équipe.
Le grand cadre en question peut d’ailleurs venir de France et y rentrer chaque week-end.
Comme nous l’avons dit plus haut c’est une catastrophe, sa famille bénéficiant des avantages scolaires et sociaux français tandis qu’il paye ses impôts à l’étranger.
Les grandes banques françaises délocalisent vers l’Inde des activités haut de gamme : informatique, back-office (Les Échos du 28 avril 2014), et autorisent leurs filiales, notamment à Londres, à recruter localement.
Total à Londres...le DG de Sanofi et son comité exécutif sont à Boston (Le Monde du 4 juin, qui titre « l’exode des états-majors du CAC 40″).
Et le mouvement s’étend aux sièges sociaux dans leur ensemble : Lafarge ira à Zurich après s’être réfugié dans les bras de son collègue suisse Holcim, Rhodia ira en Belgique chez Solvay.
Pourquoi rester en France si on y paye plus d’impôts, qu’il est plus difficile d’y gérer son personnel et qu’en plus on se fait insulter ?
Donc on « vote avec ses pieds » en émigrant. André Bercoff et Déborah Kulbach publient chez Michalon Je suis venu te dire que je m’en vais, Julien Gonzalez publie chez la Fondation pour l’innovation politique "Trop d’émigrés ? "
Regard sur ceux qui partent de France , où est notamment repris ce sondage de 2013 selon lequel 51% des 25-35 ans quitteraient la France s’ils le pouvaient.
Or le monde entier recherche non seulement les plus qualifiés, mais aussi tous ceux « qui en veulent ».
En résumé, l’émigration est un phénomène très grave, en nombre comme en qualité puisqu’il s’agit soit d’employeurs actuels ou potentiels, soit de futurs employés qui auraient dépensé et cotisé.
Pourquoi ce silence sur l’émigration ? Pour des raisons idéologiques : en parler serait un aveu d’échec et remettrait en cause les convictions du petit monde qui nous gouverne.
PME ruinées, grandes entreprises se redéployant à l’étranger, entrepreneurs allant créer ailleurs, étudiants qualifiés et chômeurs dynamiques allant travailler aux quatre coins du monde : la France se vide. Si nos gouvernants continuent ainsi, il ne restera à terme que des services publics tournant à vide. Par exemple, il y aura beaucoup moins d’élèves par classe. Le bonheur, vous diront les enseignants. Oui… à condition de se passer de salaire.