L'AVENIR DE LA PÊCHE : UNE FILIÈRE SOUMISE À DURE ÉPREUVE MAIS QUI DOIT AVOIR UN AVENIR
L'organisation de cette journée est une initiative qui mérite qu'on s'y arrête et il est particulièrement intéressant de voir cet amphi rempli ce samedi matin 30 janvier 2016.
Le focus initial s'est porté sur la pêche; son monde, son vécu : des phrases simples, des mots chocs, des démystifications et sous-jacente une réflexion profonde et des passions : les pêcheurs malmenés mais toujours passionnés par leur métier.
Un grand plaisir d'entendre ce langage direct, percutant de ce marin pêcher Yann CHAGNOLLEAU "en 1980, il y avait de la pêche, maintenant il y a de la réglementation on est bridé de partout..." avoir investi argent, force et se demander maintenant avant d'embarquer " ...Qu'est-ce qu'on va avoir le droit de pêcher demain...c'est compliqué !"
Le patron pêcheur, entrepreneur dépend chaque jour pour son travail d'une décision qui lui est imposée "administrative"...et pourtant demain il devra assurer la paye de ses salariés, le remboursement de ses emprunts, la vie de sa famille...
"Cette évolution chamboule tout" dit-il et pourtant, les patrons, l'équipage, les salariés de la filière à terre : ils y croient tous et c'est cela le thème de la journée, la contradiction entre les conditions durs, très dures faites à la profession et à ses hommes et leur passion de leur métier.
UN TÉMOIGNAGE ACCUEILLI AVEC BEAUCOUP DE SYMPATHIE
Le témoignage apporté par Florence PINEAU est particulièrement positif et pertinent. Il balaie tous les aspects de la vie du marin-pêcheur et de sa famille et gomme certains clichés désuets. La femme de marin est devenue la "collaboratrice" du marin. Ce n'est plus celle qui vit enfermée chez elle, se consacrant à son rôle de mère en attendant le retour de son mari..
Il est certain qu'avec les absences de celui-ci, elle a un rôle plus important dans la vie du foyer. Là aussi Florence PINEAU tue des mythes. Les femmes de marin aujourd'hui ont elles-mêmes une situation professionnelle.
Le pêcheur, chef de famille, pour Florence PINEAU "même absent, il a son rôle quotidien dans le prises de décisions...le père est continuellement présent même s'il y a absence physique. Les enfants ne souffrent pas de l'absence de leur père."
Florence PINEAU veut faire passer ce message car on a rarement dans les media une image fidèle de cette situation.
Elle égratigne; comme le feront les autres intervenants de cette journée; l'Europe mais elle écorne aussi les clichés déformants concernant le monde de la pêche :
"En 1980 j'ai connu l'opulence. Aujourd'hui c'est plus compliqué pour bien gagner sa vie et pour faire vivre sa famille mais il faut vivre avec le présent . La pêche artisanale a toute sa place, il faut suivre le changement."
Il faut donner une image positive de ce métier
- 1 marin en mer fait vivre 3 ou 4 salariés,
- c'est un beau métier,
- le marin pêcheur n'est pas un destructeur, il travaille bien dans la qualité...ce thème auusi reviendra sans cesse;
Il y a même eu dans le propos de Florence PINEAU le moment de tendresse qui positive la vie de famille : les joies du retour du marin sont aussi une réalité qui embellit la vie du couple.
Merci Florence PINEAU, votre passage dans cet amphi laissera dans les esprits un vent d'optimsme, d'espoir...il est beau le métier de marin pêcheur.
LA MER, NOTRE MÈRE NOURRICIÈRE, PRÉSERVONS LA PÊCHE ET LES PÊCHEURS
Les professionnels sont venus apporter non seulement un témoignage mais aussi leur foi dans l'avenir et leurs critiques.
Bien sûr, on n'a pas entendu que du bien de la gestion européenne, lointaine et peu participative.
Il est par conte très intéressant d'entendre ces professionnels défendre la cohabitation pêche artisanale et pêche industrielle, .d'avenir et de la culture du poisson d'élevage. Cela nous évoque le malaise de l'agriculture française : produire en masse avec des professionnels qui n'en sont pas et aboutir à des produits dont la qualité est mise en cause et la quantité dérégularise les marchés qui vont de crise en crise.
Autre information importante : les quotas sont faits pour protéger les espèces mais leur répartition est loin d'être juste avec des contrôles et des régles qui ne sont pas les mêmes pour tous et pas toujours justifiées.
Ces quotas sont basés sur une supposée connaissance de la richesse, des stocks...or depuis des décennies personne ne sait estimer sérieusement ces stocks ! dit José JOUNEAU.
D'où une désinformation qui fait dire "Quand on parle de pêche on parle de surpêche". C'est une désinformation médiatique. Le pêcheur professionnel ne va pas détruire ce qui le fait vivre.
Une bonne nouvelle : on a appris qu''on peut et doit manger du SURIMI.
Il faut féliciter les acteurs de cette journée si instructive pour les profanes que nous sommes et qui remet les pendules à l'heure.
Il faut remercier les organisateurs de cette journée rassemblés autour du CCFD et des professionnels.